2023 02 22
Burkina Faso, Centrafrique, Mali… Comment la présence française est-elle devenue indésirable dans ces pays d’Afrique ?
Dimanche, l’armée du Burkina Faso a annoncé la fin officielle des opérations de soldats français sur son territoire. Dernier épisode en date d’une relation devenue houleuse…
UN NOUVEAU RETRAIT D’UN PAYS D’AFRIQUE DE L’OUEST.
L’armée burkinabé a annoncé, ce dimanche 19 février, la fin officielle de la présence de la force française Sabre au Burkina Faso. Il y a un mois, les autorités locales avaient dénoncé l’accord actant la présence des forces françaises dans leur pays, leur donnant un mois pour partir.
Cette rupture fait suite au départ des derniers soldats français de l’opération Barkhane encore présents au Mali, en août 2022, et à la suspension de la coopération militaire tricolore avec la Centrafrique, l’été précédent. A l’époque, le ministère des Armées avait dénoncé une campagne de « désinformation massive » visant la France dans ce pays d’Afrique centrale, avec l’aide de la Russie. Les derniers militaires français encore présents en Centrafrique sont partis le 15 décembre, dans un pays où la milice russe Wagner a gagné du terrain.
COMMENT EXPLIQUER CETTE SERIE DE DEPARTS DES FORCES FRANÇAISES, ET QUEL ROLE ONT JOUE DES ACTEURS RUSSES DANS CETTE CONTESTATION DE LA PRESENCE FRANÇAISE ?
Hier, l’armée burkinabé a annoncé la fin officielle des opérations des forces françaises au Burkina Faso. Le dernier soldat français présent au Mali a quitté le pays en août, les derniers militaires français encore en Centrafrique sont partis en décembre… Comment décririez-vous cette contestation de la présence militaire française dans ces pays ?
L’écart entre ce qui avait été promis et ce qui est advenu est très important, et les populations voient que malgré les importants moyens dont la France dispose, les groupes jihadistes ont plutôt tendance à prospérer et les zones touchées par les violences à s’étendre.
La France est devenue le bouc émissaire de tout cela, alors que les causes principales du problème sont la faillite des forces de sécurité au Mali et au Burkina Faso, et la mauvaise gouvernance de ces pays. La situation politique s’est donc considérablement tendue au Mali et au Burkina Faso, dont les coups d’Etat sont l’une des manifestations, et ces pays ont décidé de revoir leurs politiques sécuritaires et leurs alliances.
QUELS SONT LES ELEMENTS COMMUNS A CETTE CONTESTATION DE LA PRESENCE FRANÇAISE DANS DIFFERENTS PAYS ?
Nous avons pu observer des choses assez similaires. Des manifestations, bien sûr, mais également un bouillonnement sur des réseaux sociaux qui deviennent un champ d’affrontement politique, et où circulent énormément de propos anti-français. Il y a des informations justes. La circulation des informations a débuté sur les réseaux sociaux en République centrafricaine (RCA), puis nous avons constaté la même chose au Mali et au Burkina Faso. Cela a joué un rôle sur le départ des forces françaises, car cela contribue à galvaniser des manifestants dans les capitales. Ces rumeurs sur les réseaux sociaux, ajoutées au militantisme dans les capitales et au fait que certaines élites reprennent les mêmes slogans que ceux publiés en ligne… Cela dessine un environnement extrêmement difficile [pour la présence française].
Les manifestations ont eu surtout lieu dans les capitales, avec un impact médiatique maximal. Dans certains rassemblements, des symboles français ont été brûlés, la présence française était vilipendée… Des symboles de la présence française ont été attaqués, comme l’Institut français au Burkina Faso, et l’on pouvait voir des drapeaux russes flotter dans ces manifestations.
ON EVOQUE DES DRAPEAUX RUSSES. COMMENT DES ACTEURS RUSSES ONT-ILS CONTRIBUE A NOURRIR CETTE CONTESTATION DE LA PRESENCE MILITAIRE FRANÇAISE ?
La Russie a contribué au combat sur les réseaux sociaux contre la présence française. Toute une gamme d’actions a été déployée par la Russie pour abîmer l’image de la France dans ces pays. Des dessins animés anti-français ont par exemple été diffusés. Cet activisme des réseaux sociaux a contribué à accélérer la dégradation de l’image de la France. De nombreux Sahéliens urbains sont sur les réseaux sociaux, et peuvent reprendre sans filtre tout un ensemble d’informations.
La milice Wagner fournit un partenaire de rechange à ces pays.
QUELLES SONT LES DIFFERENCES ENTRE CES PAYS DANS LEUR CONTESTATION DE LA PRESENCE FRANÇAISE ?
Pour le Burkina Faso et le Mali, il y a beaucoup de ressemblances. La contestation vient de la jeunesse urbaine, mais également d’une partie des élites, y compris des élites étatiques. Certains militaires sont assez anti-français, même si la détérioration [des relations] est beaucoup plus forte avec le Mali qu’avec le Burkina Faso.
FAUT-IL VOIR AUSSI, DANS CES PAYS, UNE CONTESTATION DE LA FRANCE EN TANT QU’ANCIENNE PUISSANCE COLONIALE ?
Bien sûr. L’ancien colonisateur a été salué par les populations maliennes quand il est venu « sauver » le pays avec l’opération Serval. Mais plusieurs éléments ont progressivement généré un fort mécontentement, voire un rejet, dans les populations : l’installation de l’opération Barkhane sans définition de durée, d’abord, mais aussi une communication politique parfois désastreuse – on pense notamment au sommet de Pau – ou encore des discours des élites des pays qui se défaussaient de leurs responsabilités sur le partenaire français.
ATTAQUE MASSIVE CONTRE LES RESEAUX PRO-RUSSES RUSSOSPHERE ET LUC MICHEL (III) : POURQUOI L’OTAN AGRESSE LUC MICHEL EN CE MOMENT ?
Du 2 au7 février 2023, attaque massive internationale de l’OTAN contre le géopoliticien Luc Michel et ses réseaux pro-russes de la ‘Russosphère’ : plus de 50 articles en 15 langues, émissions TV, « rapports » bidons …
« La Russie livre-t-elle une guerre par procuration contre la France en Afrique? », interroge Le Figaro (ce 3 février) : « En parallèle à sa guerre en Ukraine, Moscou prend position dans l’ex-pré carré français en s’inspirant des pratiques qui ont fait d’elle le maître du jeu en Syrie. Le Burkina Faso a demandé à la France de retirer ses forces spéciales engagées dans le combat contre le djihadisme dans le Sahel. Ce retrait s’inscrit dans une tendance au repli de l’ancienne puissance coloniale en Afrique alors que la Russie à travers le groupe Wagner mène une offensive idéologique sur le continent pour parachever son implantation militaire. »
« LA RUSSIE EST-ELLE EN TRAIN DE CHASSER LA FRANCE DU CONTINENT AFRICAIN? » (LE FIGARO)
« Oui. Avec un effet domino qui pourrait atteindre plusieurs pays. Après la République centrafricaine et le Mali en 2022, l’armée française quitte le Burkina-Faso, partout chassée par Wagner et les pouvoirs locaux. (…) Dans les trois capitales, les drapeaux russes fleurissent sur les bâtiments officiels et le sentiment anti
français s’enflamme. Depuis plusieurs années, les mercenaires russes de Wagner sont aussi implantés en Libye, aux côtés du maréchal Haftar. »
Le 15 août 2022, poussés dehors par la junte au pouvoir à Bamako, les derniers soldats de l’opération Barkhane quittaient le territoire malien. Nouvel affront pour Paris : le 24 janvier 2023, la junte burkinabè demandait le retrait sous un mois des forces spéciales françaises de l’opération Sabre stationnées au Burkina Faso… Deux pays dirigés par des putschistes, deux pays où Moscou avance ses pions via les mercenaires de Wagner.
Quelles sont les leçons à tirer de cette guerre «anti-terroriste» menée par Barkhane au Sahel pendant 9 ans ? Pourquoi cette montée du sentiment anti-français dans la région ? Est-ce un épiphénomène ou le signe qu’une page se tourne, que l’Afrique veut désormais être maîtresse de son destin et de ses alliances, même si elles déplaisent aux Occidentaux. Dans ce contexte, quelle stratégie à présent pour la France au Sahel et y a-t-elle encore un rôle à jouer ?
« RUSSOSPHERE » EST AUJOURD’HUI BIEN UTILE POUR LE KREMLIN
« Plusieurs médias russes sont interdits depuis que Moscou a envahi l’Ukraine et cela permet à Moscou de contourner cet obstacle. Un des objectifs de « Russosphère » est ainsi de briser les liens entre la France et les pays africains, dans la continuité de ce que faisait déjà la Russie », écrit le grand hebdo belge TéléMoustique.
« CETTE STRATEGIE SEMBLE PORTER SES FRUITS »
« Si son influence réelle est difficile à estimer avec précision, cette stratégie semble porter ses fruits. Le Mali a déjà expulsé les soldats français qui avaient pourtant aidé Bamako à se débarrasser des indépendantistes islamistes de l’Azawad. Dernièrement, après un coup d’État au Burkina Faso, les forces spéciales françaises viennent d’y être déclarées persona non grata. Au même moment, les drapeaux russes flottaient dans le pays. »
Entre-temps, les régimes militaires du Mali et du Burkina Faso ont intensifié leurs contacts diplomatiques avec la Russie et le groupe Wagner, de plus en plus influent, dont la présence et l’influence augmentent de manière significative dans la région du Sahel. Le Tchad, le Niger et d’autres pays du Sahel et des régions voisines sont également ciblés par le gouvernement russe, qui cherche à renforcer ses liens diplomatiques en Afrique dans le contexte de la poursuite de sa guerre en Ukraine.
L’UE a récemment lancé une série de programmes visant à lutter contre ce que la Commission européenne décrit comme la « désinformation » russe sur les réseaux sociaux au Sahel (sic).
Luc Michel considère « que les pays africains ont tout intérêt à se détacher de leurs anciens colonisateurs européens et à développer des liens plus étroits avec la Russie. Le Belge a déjà participé à des campagnes similaires en Libye, en République centrafricaine, au Tchad, en Guinée équatoriale et au Burundi, où il a brièvement travaillé comme conseiller de l’ancien président Pierre Nkurunziza. Il a également pris part à des campagnes en ligne visant à légitimer les référendums non officiels dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie. » Il estime « que les pays africains doivent se libérer de leur ancien colonisateur occidental et renforcer leurs liens avec la Russie »
Dans les années qui ont précédé l’invasion russe de l’Ukraine, le nombre d’adeptes de Michel a augmenté régulièrement en Afrique, mais depuis février de l’année dernière, le nombre d’adeptes de la russosphère dans ces pays a explosé, à plus de 80 000.
Selon les experts de la Fondation Konrad Adenauer, une Ong liée aux services secrets BND de Berlin, l’effet de telles campagnes en ligne ne doit pas être sous-estimé. Ils disent que la désinformation russe a contribué à l’expulsion des troupes françaises du Burkina Faso et du Mali, également un objectif de Michel : « Je pense que la Russie devrait remplacer les Français dans toute l’Afrique », a déclaré le Belge. Des rapports diffusés par la Russosphère accusent les Français de « colonialisme moderne ».
Fin novembre de l’année dernière, il a déclaré à l’hebdomadaire Humo : « Je mène une guerre de communication avec un groupe de stations de radio et de télévision et tous les médias sociaux possibles. Et je peux vous dire : ça se passe bien. La Russie a gagné la guerre des communications en Afrique. »
SELON L’OFFICINE BRITANNIQUE LOGICALY, « L’INFLUENCE DE LA RUSSOSPHERE DANS LES PAYS AFRICAINS COMME LE MALI ET LE BURKINA FASO EST CONSIDERABLE »
« Il s’agit d’une opération d’influence à grande échelle avec des adeptes dans toute l’Afrique », a déclaré le chercheur Kyle Walter à la BBC. Le but de la campagne de propagande, selon les chercheurs de Logically, est clair : discréditer la France dans les pays africains avec lesquels elle entretient traditionnellement des relations étroites et empêcher les dirigeants africains de rejoindre l’alliance occidentale qui soutient l’Ukraine ».
DES RESEAUX SOCIAUX A LA RUE AFRICAINE
« Il est difficile d’évaluer l’impact de campagnes de désinformation spécifiques, mais en Afrique, le message pro-russe est entendu – amplifié, selon les analystes, par des influenceurs locaux cultivés par la Russie ».
« Le succès de gens comme Luc Michel est dû à son opposition à la France. Il puise dans de vrais griefs sur le terrain », explique Kevin Limonier, maître de conférences à l’Université Paris-8 et agent d’influence du service secret de l’US Navy.
« La désinformation russe a été un facteur qui a contribué à chasser les forces françaises des pays du Sahel, en particulier du Burkina Faso », selon Ulf Laessing, de la Fondation Konrad Adenauer.
LUC MICHEL :
« JE PENSE QUE LA RUSSIE DOIT REMPLACER LES FRANÇAIS DANS TOUTE L’AFRIQUE »
Cela rejoint directement les objectifs de M. Michel. « Je pense que la Russie doit remplacer les Français dans toute l’Afrique », a-t-il déclaré à la BBC.
« Estimer l’impact des opérations d’information est quasiment impossible », explique M. Limonier, expert des campagnes d’influence du Kremlin.
Mais une chose est claire : de telles opérations inquiètent l’Occident.
A Paris, selon M. Limonier, « les diplomates et les militaires, ils le lisent, ils le voient et ils disent : ‘Oh mon dieu' ».
______________
# CENTRAFICA-NEWS-TV
Webtv http://centrafrica-news.tv/
Page officielle https://www.facebook.com/CentrafricaNewstv
Groupe officiel
https://www.faebook.com/president.touadera.fanclub/
WhatsApp groupe Centrafrica-News-TV https://chat.whatsapp.com/BBeZNnzq4qC1lZ4bu2N0c3
Chaîne Youtube
https://www.youtube.com/channel/UCjmRhHvDUfHgvANwTvKlVkw